Les linceuls de jade

La Chine dynastie des Han

“Costume funéraire. Réalisé à l’aide de 4248 plaquettes serait Liu Wu, troisième prince de Chu (r. 174-154 av. J.-C.). Il est constitué de pièces de jade provenant de Khotan dans le Xin-Jiang, qui est situé à plusieurs milliers de kilomètres du lieu de la sépulture.
Chine, Han occidentaux (206 av. – 9. apr. J.-C.). Jade, fils d’or. L. 176 cm, l. 68 c. Découvert en 1995, tombe royale de Chu, Shizishan (Xuzhou). Musée de Xuzhou. c Art Exhibitions China Exposé à Paris au Musée Guimet lors de l’exposition Splendeurs des Han – Essor de l’empire céleste de 2014.”

Nous rejoindre à tout moment !

Livres sur le sujet :

Splendeur des Han – Essor de l’Empire céleste :
> https://amzn.to/3jHDcWc
Jade Promesse d’éternité  – Château Borely
> https://amzn.to/3ypkKFQ
L’objet d’art : Splendeur du jade au musée Guimet
> https://www.estampille-objetdart.com/numero-527/splendeur-jade-musee-guimet.4529.php

 

Linceul de jade 玉衣
, « costume en jade »

“Le jade est l’image de la bonté, parce qu’il est doux au toucher et onctueux ; de la prudence, parce que ses veines sont fines, compactes et qu’il est solide…”
Confucius
(551-479 AV J.-C.)

La couleur du jade fascine jusqu’à nos jours !

La couleur verte est la plus connue pour la pierre de jadéite. Le jade céladon est très connu, il est vert clair. Cependant, cette pierre offre une myriade de tons subtils. Elle devient verte grâce à la présence de fer dans sa composition.
Les jades mélangent souvent plusieurs couleurs ou veines. Se mêlent de belles nuances : brun, noir, orangé, rouge, jaune, rose, bleu ou blanc.

Les teintes les plus rares et les plus recherchées dans les temps anciens est le jade blanc dit impérial. Il occupe une place exceptionnelle dans l’histoire de la Chine. Prisé pour sa pureté et sa transparence, sa rareté fait qu’il atteint une valeur inestimable. Il est alors porté uniquement par les empereurs. Les autres couleurs sont réservées aux courtisans selon leur degré hiérarchique : le jade vert, bleu-vert,…

Les pouvoirs magiques du jade

En Chinois : jade se dit Yù « 玉 », la clef wáng roi évoque la notion de précieux. Il est vrai que les empereurs portaient du jade et certains jades blancs transparents leurs étaient spécifiquement destinés en raison de leur valeur symbolique et financière.
Les nobles en portaient également, souvent suspendu à leur vêtement.
Le caractère supplémentaire présent, en bas à gauche, représente un accent .
Son nom français : provient de l’espagnol « piedra de ijada », pierre du rein.

En Chine, le jade est pierre très prisée depuis les temps anciens (paléolithique, néolithique). Des objets taillés tels que des parures, des pointes de flèches, des objets de culte ont été mis à jour dans des tombes,
sur de nombreux sites dès le néolithique en Chine.

Les alchimistes daoïstes en ont fait un symbole d’immortalité. Selon les anciens, la liqueur de jade opalescente descendrait des montagnes pour se condenser en une pierre aux couleurs subtiles de longue vie.
Ingurgiter un précieux breuvage, en brouillant du jade et en le réduisant en poudre, offrait une longévité d’un millier d’années.

Certains jades émettent un lumière verte la nuit c’est pourquoi les alchimistes daoïstes lui reconnaissent la propriété de repousser les négativités.
Cette propriété est reconnue depuis l’antiquité et également de nos jours. En plus de sa beauté et de sa valeur, il s’agit d’une des raisons pour lesquels le jade est toujours très apprécié.
Cette pierre fascinante était reconnue dans l’antiquité comme ayant un pouvoir de conservation et anti-putréfaction. Elle éloignait de plus les mauvais esprits. Elle a donc été choisie à l’époque de la dynastie des Han pour la réalisation des linceuls, car elle protégeait le défunt et assurait sa conservation. Mais pas seulement, les anciens prêtaient au jade le pouvoir de condenser l’essence du Ciel et de la Terre. Il assurait ainsi la longévité, voir l’immortalité. Le jade préservait les âmes terrestres ( pò) du défunt, permettant ainsi les âmes célestes (hún) de s’élever. Le corps était véritablement scellé dans le linceul, comme nous le verrons.

À qui était destiné le linceul de jade ?

Costume funéraire de jade provenant du roi Wen.
Musée de la tombe du roi des Yue du Sud (Hans occidentaux), Canton.

Cette parure ne comprend pas moins de 2291 plaquettes de jade cousues de fil de soie.
La seule du style retrouvée avec cette méthode de reliure dans ce matériel.

Dans ce tombeau, a été retrouvé le plus ancien sceau impérial de la dynastie Han.

Nous remarquons qu’un linceul de jade demande une grande quantité de cette pierre de jade. Déjà précieuse à l’époque des Han.
Cette pierre, la néphrite est acheminée de l’ouest de l’Asie centrale, des régions de Khotan lisière sud du désert du Taklamakan dans le bassin du Tarim.

Aussi le linceul nécessité un travail artisanal précis qui demandait un savoir faire très minutieux. Le rituel funéraire serait originaire de la dynastie Zhou (1045 à 256 av. J.-C.) et a atteint son apogée pendant la dynastie Han (206 av. J.-C. à 2020 ap. J.-C.).

Les plaquettes de jade étaient reliées à l’aide d’un fil métallique ou de soie selon le rang du défunt. Ainsi, selon le “Livre de l’étiquette de la dynastie des Han postérieurs”, seul le vêtement de jade cousu de fils d’or est destiné à l’empereur. L’usage d’autres fils est privilégié pour les rois, les princesses et princes. Des nobles peuvent prétendre à l’usage d’un costume de jade de fil d’argent. Les princesses aînées quant à elles doivent se contenter du fil de cuivre. L’on réserve l’usage du fil de soie aux dignitaires d’autres rangs subalternes.

Les archéologues et leurs équipes ont dû effectuer un travail de reconstituions très minutieux. Les linceuls de jade sont décrits dans les mémoires historiques de Sīmǎ Qiān, grand historien de l’époque des Han.
Nonobstant, ce n’est que dans les années soixante que le premier linceul est découvert. Il faut savoir aussi qu’en plus du fait que ce vêtement funéraire était prestigieux et réservé à une élite donc rare, de nombreuses tombes ont été pillées, à plusieurs époques, en raison des valeurs inestimables des objets funéraires qu’elles contenaient.

La réalisation d’un linceul de jade.

Nous remarquons qu’un linceul de jade demande une grande quantité de cette pierre de jade. Déjà précieuse à l’époque des Han.
La réalisation d’un linceul nécessite un travail artisanal précis qui demande, à l’époque, un savoir-faire très minutieux.

L’on évalue une dizaine d’années pour la confection d’un seul linceul de jade à un artisan qualifié. Les pièces de jade nécessaire à la réalisation divergent au niveau de leur formes, la plupart sont carrées, mais l’on fait usage de pièces trapézoïdes, rhomboïdes, triangulaires, quadrilatères, voir polygones selon l’endroit où elles étaient placées. Elles ont généralement la valeur d’une largeur d’un pouce d’un adulte, mais peuvent atteindre pour les plus grandes pièces de 3,5 à 4,5 cm de large, par exemple lorsqu’elles sont placées au niveau des pieds. Les parties les plus délicates étaient le visage, les mains, car il était nécessaire de s’adapter à la finesse des formes.

Les pièces de jade sont taillées par les artisans, de façon spécifique suivant l’endroit du corps, elles sont ensuite polies afin de leurs assurer brillance.
Chaque pièce est percées de petits trous en leurs coins. Cette technique assure un lissage de l’ensemble du linceul.

Les pièces sont ensuite assemblées en plusieurs segments : visage et crâne, tronc antérieur et postérieur, une paire bras, de gants, de jambes, de chaussures. Puis un assemblage de ces parties se fait en dernier lieu. Souvent à l’aide d’un cordon de soie parfois rouge, la couleur impériale.

Masque de jade. Chine, Han occidentaux (206 av. – 9. apr. J.-C.). Jade. Tombe du roi de Jibei. Jinan, province de Shandong. Exposé à Paris au Musée Guimet lors de l’exposition Splendeurs des Han – Essor de l’empire céleste de 2014.

Quand les linceuls ont-ils été découverts ?

“Beaucoup d’archéologues ont cru que les costumes funéraires de jade relevaient des mythes et légendes. Ce n’est pas avant 1968 que deux costumes complets furent découverts dans les tombes de Liu Sheng et Dou Wan, dans le district de Mancheng, dans le Hebei. Leurs costumes étaient constitués de 2 498 plaquettes de jade assemblées avec 1,1 kg de fil d’or.

En 1973, un costume funéraire de jade appartenant au prince Huai, de la dynastie des Hans occidentaux fut découvert à Dingxian, dans le Hebei. Il comportait 1 203 morceaux de jade et 2 580 grammes de fil d’or1.

En 1983, un autre costume de jade fut découvert dans la tombe de Zhao Mo, le deuxième roi des Yue du Sud, à Canton (règne de 137 à 122 avant notre ère). Les fils de soie rouge utilisés pour lier les 2 291 plaquettes de jade traduisent l’immersion de Zhao Mo dans la culture du Nam Viet. Ce costume est visible au Musée de la tombe du roi des Yue du Sud (Hans occidentaux).”

Symbolique de la cigale et daoïsme !

Si je vous ai parlé de la réalisation d’un linceul de jade des différentes pièces, voyons maintenant une partie qui nous intéresse particulièrement.
Le haut du linceul, au niveau de la tête, soit la fontanelle est laissée libre. Il forme un cercle au sommet du crâne. C’est précisément, par ce lieu stratégique que les âmes célestes sortent, selon les daoïstes du corps. Mais aussi durant la méditation profonde.

Afin que les âmes célestes soient scellées dans le corps, les neuf orifices du défunt sont bouchés par de petites pièces de jade. Celle de la bouche est une pièce gravée en forme de cigale. Le jade utilisé était à l’origine de couleur vert tendre telle la cigale sortie de sa nymphe.

Les anciens disent que “Les cigales mangeaient le vent et buvaient la rosée (…).”
La cigale vit sous terre et à l’époque du solstice d’été sort de terre fendant sa nymphe devient un insecte parfait. Il s’agit d’une métamorphose totale pour devenir un insecte parfait, elle a de ce fait fasciné par sa symbolique.
Elle annonce le déclin du yáng et la progression du yīn.
La cigale se nourrit du de la quintessence de la rosée le principe yīn cher aux daoïstes.  Elle est donc, un symbole de pureté et d’élévation spirituelle, de l’esprit dégagé de la matière considérée comme impure. C’est-à-dire le yáng pur.

Conclusion

L’arrivée du bouddhisme en Chine sous la dynastie des Han de l’Est amène l’émergence de croyances différentes. Les dévots propage l’idéologie de la réincarnation.
Après les Han, en 222 après J.-C., Wei Wendi Cao Pi a ordonné l’interdiction d’enterrer avec des vêtements de jade.

Émissions d’intérêt

FRANCE CULTURE avec
Eric Lefebvre :
 Historien de l’art chinois et conservateur au musée national des arts asiatiques – Guimet. Responsable des collections de peinture chinoise du musée Guimet, ses recherches portent sur l’histoire des collections d’art chinois à l’époque prémoderne et moderne, en Chine et en Europe.
Ange Leccia : Plasticien – Né en 1952 à Minerviu en Corse, il vit et travaille à Paris et en Corse.

Sources :
Wikipédia ; china.org.cn ;
Gieseler, G. “La cigale en Chine” Revue Archéologique, vol. 9, 1919, pp. 143–161. JSTOR Accessed 28 June 2021 ;
中国文化 Foreign language teaching, and research press – Beijing.

 

Dominique Jacquemay (c) 2021 – Professeure de Qi Gong
Auteur des livres “Qi Gong des Animaux Mythiques”
“Qi Gong entre Ciel et Terre” Éditions Guy Trédaniel

Dominique Jacquemay

Directrice d’enseignement et professeur principal

Professeur de Qi Gong formée en Chine, aussi diplômée en Médecine Chinoise (Université de Shanghaï).
Elle a suivi les enseignements de nombreux Maîtres chinois.
Enseigne depuis plus de 30 ans les arts énergétiques.
Elle a également une longue pratique de méditation. Une pédagogie novatrice, accompagne chacun afin :
– D’évoluer avec des acquis profonds et obtenir de réels bienfaits pour le corps et l’esprit ;
– De placer son souffle dès les premiers cours de façon précise sur chaque mouvement ;
– D’acquérir plus de fluidité et d’enracinement dans son corps ;
– De partager des moments ponctués d’exercices inter-actifs entre participants, mis au point par Dominique Jacquemay. Les Qi Gong enseignés sont traditionnels.
Pour préserver l’esprit originel et favoriser le calme du mental et la pleine conscience, la pratique se fait sans musique.

à propos
Avec le temps et la patience, la feuille de mûrier devient de la soie.
Lǎo Zǐ

Rejoignez-nous !

Rejoignez notre groupe chaleureux.