Poésie chinoise – Li Bai : Le Grand Poète chinois

Qui est-il ?

Cet espace vous est spécifiquement consacré dans le but de pouvoir vous perfectionner et de suivre l’évolution des méthodes enseignées par Dominique Jacquemay.

LI BAI : Un poète en quête de liberté

Li Bai nous laisse, contrairement à la majorité des poètes ou artistes de cette époque ancienne, c’est-à-dire la dynastie des Tang (618 à 907), un énorme héritage avec de nombreux poèmes d’une exceptionnelle beauté. D’où sa renommée actuelle et la grande fierté chinoise à son égard. Notons qu’il était déjà très connu à son époque.

Il écrit dans un style ancien, nanti de spontané. L’empreinte daoïste transparaît dans sa poésie : elle évoque la nature, la beauté des monts et des forêts.
Elle parle aussi d’érémitisme. En effet, dès sa tendre enfance il séjourne dans les montagnes du Emei, dans la province du Sichuan (au sud de la Chine). Là, à l’âge de 14 ans il est devient disciple d’un daoïste : l’ermite Zhao Rui.
À cet âge là, il compose ses premiers poèmes. Il est probable que cette retraite, dans un environnement emplie de nature, lui inspire ses vers.
Ensuite, il se stabilise durant 10 ans, puis il sort du droit chemin : il dépense sa fortune, se marie pas moins de quatre fois.
Après un échec cuisant dans sa carrière officielle à la cour, il perd son poste à l’Académie Hanlin ; malgré la protection He Zhizhang, un haut fonctionnaire, lui poète et daoïste en dehors de sa carrière officielle.
Une période où Li Bai cherche son inspiration dans des boissons alcoolisées. Une anecdote raconte qui serait mort en essayant d’attraper la lune dans son reflet.
Li Bai se met à voyager et rencontre d’autres poètes dont Meng Haoran et surtout Du Fu. La relation avec ce dernier est particulièrement étroite par une célèbre correspondance s’instaure.
Enfin, il se retire pour vivre dans les montagnes, dans une forme d’érémitisme. Comme pour “boucler la boucle”. Son souhait est de revenir à de vraies valeurs, être proche de la nature, proche du dao. Mais la vie n’en a pas voulu ainsi, il est rattrapé par les événements :
durant la révolte d’An Lushan le Prince Yong, blessé moralement par le fait que son frère Suzong devienne empereur rentre en rébellion avec lui et échoue. Li Bai poète de sa cour, est mis en prison. À la suite de quoi, il ne survivra pas.

L’on peut dire que Li Bai a été un personnage haut en couleur, pour qui la liberté est toujours passée en avant. Cela se reflète dans son parcours, mais aussi dans son écriture.
S’il nous a laisser plusieurs poèmes, dont la beauté est infinie, une seule calligraphie de sa main est conservée. Elle est exposée à la Cité Interdite.

Gustave Mahler après avoir pris connaissance de poèmes de Li Bai fût subjugué. En 1907-1908 s’en inspira dans sa symphonie Das Lied von der Erde Chant de la Terre comprenant l’interprétation de six poèmes de Li Bai.

La fleur de pêcher, un symbole d’immortalité

La beauté de sa floraison, ainsi que son parfum subtile et délicat à inspiré profondément de nombreux poètes. Il s’agit d’un symbole daoïste.

La Royale Mère de l’Ouest, figure essentielle du daoïsme, produit tous les trois mille ans des pêches au pouvoir d’immortalité. Les Immortels se nourrissent des fruits du pêcher, car les pêches apportent longue vie. Les fleurs de pêcher symbolisent le printemps, moment de leur floraison. Elles offrent mille printemps, c’est-à-dire la jeunesse. La sève du pêcher, rend le corps lumineux.

Dans le Jardin d’Immortalité, un jardin d’éden, le pêcher est L’Arbre de Vie au Paradis terrestre, il s’agit de l’aboutissement du voyage initiatique.
Le moine et poète Ling-yun, obtient l’illumination à la seule vue des fleurs de pêcher. Nous pourrons approfondir ce thème à une autre occasion.

Micro théâtre musical, interprétation de poèmes de Li Bai. Instruments et costumes de l’époque Tang.

Détails de la calligraphie “Ascension du Mont Tai Yang”

Comme je l’avais expliqué, une calligraphie ou une peinture est considérée comme vivante. Généralement elle était conservée précieusement, rangée dans un meuble et destinée à être regardée dans un état méditatif afin de pénétrer dans l’âme du calligraphe-peintre.
Mais pas seulement, l’oeuvre est aussi destinée à être montrée à des invités.
Si vous regardez de plus près la calligraphie, vous verrez qu’elle est munie de nombreux cachets de couleur rouge. S’il y a bien sûr le cachet de l’artiste, il y a aussi ceux des acquéreurs, et parfois même des admirateurs de l’oeuvre. Ainsi, des pièces peuvent être rajoutées
afin de “donner vie” et de suivre le parcours de l’oeuvre.
La calligraphie ci-dessus réalisée par Li Bai est renommée non seulement par le talent et cachet de l’artiste, mais aussi par ceux de certains personnages illustres 名人 míng rén qui ont apposé leur cachet, c’est ici le cas de deux empereurs de l’époque.

Il s’agit de “L’ascension du Mont Tai Yang”. En regardant cette peinture, car écriture et peinture devient un dans la dimension artistique chinoise, vous verrez la force et la puissance des traits de pinceau.
Ce qui prête à penser que Li Bai avait une personnalité hors du commun. Cela se confirme dans différents événements de sa vie.

Choix d’un poème

Les poèmes de Li Bai sont d’une subtilité flagrante, faire un choix est donc chose difficile.
J’ai trouvé ce dernier très inspirant et riche d’enseignements.

Propos recueillis du cours du 12/09/20

Dans la montagne, question et réponse (0)

Pourquoi vis-je perché dans les montagnes d’un vert émeraude ? (1)
Je ris et ne réponds point, mon cœur demeure libre (2)
J’habite dans un autre paradis, où la Terre n’appartient à aucun homme (3)
Où les fleurs de pêchers fleurissent toujours (4)
Leurs pétales s’éloignent sur la rivière qui coule (5)
Ciel et Terre est ici différent du monde ordinaire (6)

Autre traduction :

Réponse de la montagne

Question-réponse dans la  montagne

 

Pourquoi habiter la montagne d’émeraude ?

l’esprit libre, je souris en silence.

Au mystère de l’eau les fleurs de pêcher

   glissent –

Univers au-delà des mondes.

Réponse de la montagne

Vous me demandez pourquoi je perche sur la montagne bleue;
Sans répondre, je souris, le coeur en paix:
Fleurs qui tombent, eau qui coule, tout s’en va et s’efface…
C’est là mon Univers, différent du monde des humains

Interprétation personnelle :

(0) : Le titre nous donne le ton. Les personnes avec qui il est en lien se posent des questions ?
Pourquoi choisit-il une vie d’érémitisme ? C’est-à-dire d’un profond isolement, celui de l’ermite.
(1) le terme “perché” nous dit que Li Bai est dans un endroit élevé : la montagne.
La Chine comprend de nombreuses chaînes de montagne, dites sacrées.
Il s’agit, de lieux de retrait et aussi de pèlerinage où règne un grand calme qui inspirent à la méditation.
La montagne a un lien avec l’élévation spirituelle, tant chez les daoïstes que chez les bouddhistes.
D’ailleurs, les temples daoïstes et bouddhiste, en Chine ,se trouvent dans les montagnes, c’est-à-dire qu’ils sont retirés.
(2) Seul Li Bai connaît la réponse, elle est d’une telle évidence qu’elle ne nécessite pas de commentaire.
Le dao de jing dit que les choses ne doivent pas être nommées. Li Bai trouve dans ce
paysage imprenable une ouverture du cœur, celle de la vraie liberté.
Son Esprit, son Être se placent ainsi dans le UN. Dans la vastitude.
C’est bien la Nature qui le conduit vers cet état.
(3) Cette phrase confirme la précédente, elle en est une emphase. Le décor majestueux par son évocation au dao, à l’infini,
que l’homme en peut saisir l’essence. C’est bien à se diriger vers le dao que Li Bai aspire.
Dans la nature, les daoïstes trouvent la voie du recueillement. Être en lien avec elle nous rapproche du dao : le chemin de la profondeur.
(4) Les fleurs de pêcher symbolisent l’éternité, l’immortalité.
Tout comme la montagne qui lui fait aussi référence à l’infini.
Dans ce silence profond, il trouve sa propre unité, car le dao est en lui.
(5) Cette image magnifique évoque impermanence, la légèreté, le temps qui passe comme celui des saisons, du cycle perpétuellement renouvelé.
Celui du mouvement. Le l’idéogramme du dao comprend la marche, le chemin. Aussi, l’image des pétales de pêchers sur l’eau de la rivière qui coule incessamment évoque l’esprit méditatif du lâcher-prise. La légèreté des pétales qui flottent sur l’eau.
(6) Il s’agit du silence profond, du dépouillement, de l’union Ciel-Terre où il n’y a aucune interaction.  Où, la séparation n’existe plus, ni yin ni yang, tout est Unité. Cela n’existe dans le monde ordinaire. Là au sein de la non-existence, le poète trouve son inspiration ; cet émerveillement qui le conduit dans le dao. Dans l’expression originelle de son écriture.

Dominique Jacquemay (c) 2020 – Professeure en Qi Gong.
Auteure du livre “Qi Gong des Animaux Mythiques” Éditions Guy Trédaniel.

Dominique Jacquemay

Directrice d’enseignement et professeur principal

Professeur de Qi Gong formée en Chine, aussi diplômée en Médecine Chinoise (Université de Shanghaï).
Elle a suivi les enseignements de nombreux Maîtres chinois.
Enseigne depuis plus de 30 ans les arts énergétiques.
Elle a également une longue pratique de méditation. Une pédagogie novatrice, accompagne chacun afin :
– D’évoluer avec des acquis profonds et obtenir de réels bienfaits pour le corps et l’esprit ;
– De placer son souffle dès les premiers cours de façon précise sur chaque mouvement ;
– D’acquérir plus de fluidité et d’enracinement dans son corps ;
– De partager des moments ponctués d’exercices inter-actifs entre participants, mis au point par Dominique Jacquemay. Les Qi Gong enseignés sont traditionnels.
Pour préserver l’esprit originel et favoriser le calme du mental et la pleine conscience, la pratique se fait sans musique.

à propos
Avec le temps et la patience, la feuille de mûrier devient de la soie.
Lǎo Zǐ

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